9 octobre 2011
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Gabriel n'a de cesse de le dire : " J'ai menti. " Et il assène pour convaincre. Il monte même sur ses grands chevaux. " Je suis un pourri. " Et ceux qui ne le croient pas sont des pitres, des pseudos cela ou des pseudos ceci.
Inutile pourtant de déployer tant d'énergie : tout le monde le sait qu'il a menti.
La question est seulement de savoir quand?
En 2000 et pendant onze ans, quand des cicatrices ont appuyé ses dires et qu'il a convaincu médecins, psychologues, enquéteurs et jurés ou depuis le 10 mai dernier.
Quand il a dit : " Mon grand-père ne m'a rien fait. J'ai bien été violé mais je ne sais pas par qui et je ne veux pas le savoir? " Depuis quand il a dit : " Il ne m'est jamais rien arrivé?" Maintenant quand il prétend devant les caméras plus nombreuses qu'elles ne le seront jamais : " Je voulais être une star? "
J'ai mon idée et je n'en fais pas mystère.
Quant à savoir pourquoi, c'est une autre affaire.
La justice, sans doute, s'en préoccupera. Elle ne pourra pas accepter qu'on se soit moqué d'elle pendant onze ans ou qu'on le fasse aujourd'hui après tout le travail fait et tous les frais engagés.
Alors peut-être faudra-t-il être plus convaincant. Même sans micro, sans caméra et sans image.
Eh oui, la ficelle est un peu grosse de : " On aurait dû me cuisiner davantage et j'aurais fini par craquer. Je pense. " Ou : " J'ai voulu rapprocher mes parents. "
Que de temps perdu, alors. Que d'énergie gâchée du côté de la défense. Le travail des avocats de l'accusé aurait pu être considérablement facilité si l'enfant avait épousé leur théorie lors des procès et même avant.
Mais, au contraire, il disait : " Non papi, je n'ai pas menti " ou encore " La douleur, ça ne se rêve pas. "
Mais alors si on le croit aujourd'hui, on peut s'interroger : mentait-il aussi quand il déclarait à la barre de la cour d'assises d'appel (voir page 51) : "Pour l'instant, je ne vis pas. Je survis. Je suis là pour en finir. Pour que la vérité soit dite. C'est la troisième fois que je me retrouve devant une cour d'assises. J'ai fait des déclarations à ma mère, à mon père. J'ai dû les refaire devant la psychologue de la cellule matraitance de l'hôpital américain de Reims. Puis devant les policiers et devant deux experts psychologues. Il m'a fallu recommencer devant les experts de médecine légale et devant le juge, plusieurs fois. Ensuite, il y a eu la confrontation. Une quinzaine de fois dans des circonstances officielles, il m'a fallu répéter. Chaque fois que j'essayais de me rebâtir, je recevais un recommandé et ça recommencait. Ce procès me fera du bien si j'arrive à être cru. Cette affaire a détruit ma vie. Elle a détruit mon couple. Je n'arrive pas à m'occuper de mon fils. J'ai dû réussir à le changer une quinzaine de fois seulement. Amandine n'a pas pu me supporter. Mon comportement, mon caractère. Mon état de stress. Mes insomnies. Je ne suis pas parfait. Une personne qui n'a pas vécu ce que j'ai vécu a du mal à supporter cet état de panique. Elle est là aujourd'hui en tant qu'amie. Nous ne vivons plus ensemble. C'était trop dur pour elle et pour moi. C'était le trop plein pour elle. Je n'en peux plus non plus. Ca fait onze ans que ça dure. Je n'ai pas eu d'enfance. Je n'ai pas eu d'adolescence. Aujourd'hui, j'ai vingt ans, je dois forger une vie d'adulte. Sur quelles bases? Je ne peux pas avoir de relation dans la lumière. Si quelqu'un est près de moi, je prends ma douche habillé."
" Ce que vous décrivez, répond le président, l'est aussi par Boris Cyrulnik. Notamment dans son ouvrage " Mourir de dire ". Ce genre de révélations fait exploser l'environnement. Qu'avez-vous ressenti après les faits que vous évoquez? "
- De la saleté quand j'ai compris.
- Qu'est-ce qui a fait que vous avez voulu parler?
- Quand j'ai compris que c'était pas bien, que c'était mal, je me sentais sale. J'avais honte. Je voulais parler mais ça ne voulait pas sortir. Je ne me suis jamais livré. Je ne suis pas pour aller voir un psy.
- C'est peut-être pas la meilleure idée.
Et Amandine, alors, la maman de leur fils, elle aurait menti, elle aussi, quand, appelée à la barre par le président Patrick Vogt qui l'entendait en vertu de son pouvoir discrétionnaire, elle a déclaré (voir page 60) : " La première fois où je l'ai vu en crise, c'était pour son anniversaire. Pour ses seize ans. Il avait tout cassé ce jour-là. Je ne le reconnaissais plus. Il tapait dans les murs. Les rapports intimes, c'était difficile pour lui et pour moi. Il voulait toujours que ce soit dans l'obscurité. Il prenait ses douches habillé."
" Révélateur ", ont dit les spécialistes, y compris dans le reportage très professionnel de mes confrères de France 3. C'est ce qu'on appelle le syndrome post-traumatique. " La victime se sent sale et éprouve un sentiment de culpabilité. "
Nous le verrons avec de prochains articles. Ils montreront comment "l'enfant" souffrait encore à la barre. Sans être arrogant. Et en étant convaincant. Au contraire de son grand-père.
Accusé, reconnu coupable, le condamné tente, aujourd'hui, de persuader l'opinion publique. Besoin de retrouver une image. Les psy ont dit ce qu'il fallait en penser. On le verra ici aussi. Comme pour répondre au sempiternel discours, prononcé depuis onze ans, par trois fois devant des cours d'assises et aujourd'hui publié dans une revue décidément très complaisante.
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