15 octobre 2011
6
15
/10
/octobre
/2011
17:30
Ca fera plaisir à Boomerang 06 qui juge la fragilité des commentaires. Mais ne parle pas des dépositions sauf pour les dévaloriser. Ce que n'ont pas fait les cours d'assises. Ici, le témoignage de Rose-Mary Bennett, la grand-mère maternelle de Gabriel.
Nous sommes en page 64 de "La douleur, ça ne se rêve pas".
Nous sommes en page 64 de "La douleur, ça ne se rêve pas".
" Au mois de juin 2000, j'ai reçu un coup de fil tardif. C'était un samedi soir. Il était 23h30. Nous nous apprêtions à nous coucher. C'était Elisabeth, notre fille, la maman de Gabriel. Elle était en larmes. Elle m'a dit : " Maman, je suis dévastée. " Et, entre les sanglots, elle m'a expliqué ce qui s'était passé. Depuis plusieurs mois, Gabriel lui donnait des soucis. Il n'était pas comme d'habitude. Il ne travaillait plus à l'école. Il cassait des choses. Elle n'arrivait pas à avoir de conversations avec lui. Ce soir-là, elle l'avait pris dans ses bras. Elle s'était assise dans un fauteuil, l'avait pris sur se genoux et lui avait dit : " Parle-moi. Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis rien. " Et il avait raconté ce qui s'était passé. Il venait d'avoir neuf ans. Alors, il avait parlé avec des mots d'enfants. Il ne connaissait pas les mots d'adultes à l'époque. Il avait dit que son grand-père lui léchait les fesses, lui suçait le zizi. Qu'une fois, il avait réussi à lui mettre le sien de zizi dans les fesses mais pas complètement. Et qu'une seconde fois, il le lui avait enfoncé plus profondément.
" Elisabeth n'était pas la seule à être dévastée. Je l'étais aussi. Elle m'a demandé ce qu'elle devait faire. J'ai un grand respect et beaucoup d'affection pour Philippe, malgré sa séparation d'avec notre fille. De nos jours, ça arrive plus souvent qu'à mon âge. Mon mari me supporte depuis cinquante-six ans. Alors, j'ai dit : " Il faut que Gabriel explique tout à son papa. Et il faut que Philippe contacte le 119 pour savoir quoi faire."
" Alors, Philippe a téléphoné. On lui a dit ce qu'il fallait faire : l'hôpital, les examens, la plainte. Ca dure depuis onze ans.
" Quand Gabriel est allé à la police, il a fait sa déclaration tout seul. Il n'a pas voulu être accompagné. Vous avez devant vous un jeune homme. Excusez-moi, je suis un peu émue. Il avait neuf ans. Il en a vingt aujourd'hui.
" Nous avons été interrogés. Mon mari par un chef. Moi par une dame. Une dame formidable. Un lieutenant de police (1). Elle a passé six heures à parler avec moi. A la fin, j'ai su que le jour-même, elle avait perdu son grand-père. Et elle avait passé tout ce temps avec moi avant de partir retrouver ses parents. Je n'oublierai jamais ce qu'elle a fait. Combien elle a été courageuse et généreuse.
" Nous avions décidé que nous ne verrions pas les journalistes. Nous avons tenu parole. Pour Gabriel. Pour qu'il souffre le moins possible.
" Nous avons reçu des menaces par téléphone. Nous n'avons pas porté plainte. La personne qui en était l'auteur est décédée il n'y a pas longtemps. Je ne dirai pas son nom (2). Nous avons cherché à protéger l'enfant et ses parents.
"Quand j'ai été interrogée à Nice, j'ai dit que nous pensions aller à Reims du 11 au 16 août. Le voyage a pu se faire. Nous avions dit qu'il fallait plusieurs jours de détente avec Gabriel avant de parler de cette histoire. Le deuxième ou le troisième jour, nous sommes allés visiter le musée de la Première Guerre mondiale. En sortant, nous avons vu un camp d'adolescents. Gabriel, à ce moment-là, m'a dit : "Oh mamy, moi aussi j'ai été en camp. J'ai fait du camping. C'était bien. Mais une fois, j'ai vu une ombre. J'ai cru que c'était mon grand-père. Je me suis caché derrière les autres enfants. " Il n'en a dit plus.
" Quand j'ai senti le moment venu, j'ai glissé à Elisabeth : " Va dire à Gabriel que mamy est prête à l'écouter. " Il a souhaité me parler.
" Nous sommes partis dans sa chambre après le dîner. Au début, nous étions assis côte à côte sur son lit. Il a dit : "Je veux te regarder. Je veux que tu me voies. " Il est allé chercher une petite table et une chaise. Il s'est assis face à moi. J'étais beaucoup plus calme que je ne le suis en vous parlant. Paronnez-moi. Il a dit : " Mamy, pose-moi des questions. " Et tout doucement, j'ai commencé à l'interroger. J'espère avec délicatesse. Et petit à petit, il a commencé à me dire ce que je savais déjà. Ce que j'avais entendu de la bouche de sa maman. Je n'ai pas sangloté. Mais mes larmes ont coulé jusque sur ma chemise. Il s'est levé comme une flèche et est revenu vers moi avec les mains pleines de mouchoirs en papier. Cette conversation a duré longtemps. Mais je crois que c'était important pour lui. Parfois, la douleur est libératrice.
" Avant de quitter Reims, le lendemain, mon mari a voulu faire le plein d'essence. Gabriel nous a accompagnés à la station-service. Il était sur le siège arrière. Il a dit à son papy : "Maintenant, tu es mon seul grand-père. Christian Iacono, lui, n'est plus mon grand-père. "
" A son âge, il a souffert la mort. Il n'a pas su ce que c'était qu'avoir une enfance, une adolescence. Il a subi beaucoup d'examens. Le dernier à presque seize ans. Vous voyez un adolescent qui accepte des examens pareils? "
" J'ai trois questions à vous poser, intervient le président. Vous parlez de trois signaux lancés par votre petit-fils. Tout d'abord, à la fin du mois de février 2000, il insiste pour que vous regardiez la vidéo des vacances à Auron. Vous, mais pas votre mari. "
" Nous étions montés à Reims pour fêter le quarantième anniversaire de notre fille. Lors de la dernière soirée de ce séjour, Gabriel a rappelé : " Vous aviez promis de regarder la cassette avec moi. " Il a ajouté : " Mais papy pourra aller écouter de la musique dans ma chambre. " Sur le film, à un moment donné, on le voyait avec son petit cousin dans la baignoire. Pour lui, le fils de Cécile était comme son petit frère. Il rêvait d'avoir un petit frère ou une petite soeur. Il m'a interrogée : " Que vois-tu? " Je vois un petit garçon qui rit et qui éclabousse. Et je te vois là. " Mais tu ne vois pas qu'on dirait que je n'ai pas de tête? " C'était vrai. Mais à moment-là, je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait bien vouloir dire. C'est après que j'ai réalisé. Ensuite, il a commencé à mal travailler en classe. A casser les choses dans sa chambre. A être mal dans sa peau. Il n'avait plus de bonnes notes. Il souffrait. Et l'adulte que j'étais n'avait rien compris. Toute ma vie, je m'en rappellerai. Je n'ai pas entendu l'appel au secours. Plus tard, il a lâché qu'il voulait protéger son petit cousin. J'ai répondu : " Tu as raison. Je suis fière de toi. " Il y a aussi l'épisode du suppositoire. C'était pendant le même séjour rémois de février 2000. La veille de l'anniversaire d'Elisabeth, Gabriel était malade. J'ai suggéré à ma fille de lui mettre un suppositoire. Elle m'a répondu : " Il ne laisse personne toucher à ses fesses. " J'ai proposé d'essayer de le convaincre. Il était réticent. Il avait peur que je lui fasse mal. Il a fini par accepter. Je lui ai demandé si je lui avais fait mal. Il a eu cette phrase que je n'ai pas comprise non plus : " C'est vrai, toi, tu ne m'as pas fait mal. "
- Parlez-nous de l'altercation du mois de juillet 1998.
- Conformément à la décision du tribunal, Gabriel devait passer une semaine chez ses grands-parents Iacono. Philippe qui ne voulait plus voir ses parents nous chargeait de l'emmener à Vence et d'aller le chercher la semaine suivante. Tout s'est très bien passé quand nous l'avons amené. Nous avons été très bien reçus. Le Dr Iacono nous a proposé de prendre l'apéro. Les enfants nous attendaient. Nous avons décliné l'invitation. Il a insisté pour que nous prenions un verre le samedi suivant en venant chercher Gabriel. Nous avons promis. Mais ce jour-là, le Dr Iacono était en furie. Il a insulté mon mari. Nous n'avons rien compris. Nous ne l'avions jamais vu comme ça. Il nous reprochait d'être arrivés trop tôt. Nous avons décidé que nous n'emménerions plus Gabriel à Vence. Que quelqu'un d'autre le ferait. C'était le dimanche 12 juillet, jour de la finale du Mondial 1998. Gabriel portait la tenue des footballeurs brésiliens. Il était beau comme un astre. J'étais pétrifié et lui aussi. Il m'a serrée et plus tard, il m'a dit : " C'est pas après papy qu'il était en colère, c'est après moi. " Tu te souviens Gabriel?
- Je me souviens bien.
" Christian Iacono, intervient le président, émet une hypothèse selon laquelle vous feriez partie d'un groupe sectaire. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?
- Depuis soixante ans, nous appartenons à la même assemblée. L'Eglise baptiste de Nice. On y lit la Bible. Je travaille encore aujourd'hui dans cette église. Un peu. Car l'âge est là et la santé s'envole. Nous sommes des Gédéons. Nous distribuons la Bible. Dans les hôtels. Devant les collèges. Gratuitement. Sans jamais forcer la main.
- Pouvez-vous nous parler des Frères Larges?
- Ils ont exactement la même vision que les Baptistes ou les membres de bien d'autres assemblées protestantes. Chez nous, on ne baptise pas les enfants. On leur demande de choisir leur religion quand ils sont en âge de le faire. Mais les parents présentent leur enfant devant l'église et devant Dieu. A ce moment-là, la pasteur parle et prie pour l'enfant.
- Ces gens ne sont ni des anormaux ni des fanatiques?
- Non. Dans la région, il y a pas mal d'église de Frères Larges. L'association des Gédéons a été créée vers 1900...
-Parlez-nous des Frères Larges.
- Pour moi, il n'y a pas de différence avec les Baptistes. Ils baptisent, eux aussi, l'adulte.
- Ont-ils des gourous susceptibles de manipuler les gens?
- Ils refusent le baptême de l'enfant pour attendre la décision de l'adulte, c'est vous dire.
1. - Il s'agit de Maryse Peirano dont la déposition à la barre est rapportée sous le titre " Il a pris mon zizi pour une sucette". C'est l'enquêtrice que l'accusé s'attache à discréditer dans la revue complaisante vençoise qui a commencé de publier son temoignage sans s'occuper de ce que pourrait dire la partie adverse. Comme si elle était acquise à l'accusé par deux fois condamné.
2. - Il s'agit d'Antoine Alési, le frère de Jeanine, l'épouse de l'accusé par deux fois condamné. Nous reparlerons de lui.
Voici le lien pour voir le reportage très bien fait de France 3.Il a été rediffusé ce dimanche 16 octobre 2011 et, de nouveau, il a été très apprécié. Un vrai travail de pro. Bravo! A voir et à revoir.
Le livre "Affaire Iacono, la douleur ça ne se rêve pas" est désormais en vente sur le site Lulu.com
Pour l'acheter, cliquez sur le lien suivant:
http://www.lulu.com/browse/search.php?fListingClass=0&fSearch=affaire+iacono