Le procès Iacono : autopsie d'une sale affaire

La rigueur et le coeur. Nous savions l'auteur pourvu de l'une et de l'autre. Son ouvrage le démontre. Notre confrère Gérard Porcheron a suivi pour Nice-Matin les premiers soubresauts, à la fin des années quatre-vingt-dix, de ce qui allait devenir à Vence,  la cité des Arts des Alpes-Maritimes, « l'affaire Iacono ». Une bien sale affaire à dire vrai mettant en cause l'ancien maire accusé d'avoir violé son petit-fils. Toute la ville a été secouée ; un comité de soutien s'est constitué ; un contexte familial complexe et conflictuel a été largement évoqué faisant surgir le spectre d'un complot. Gérard Porcheron a d'abord cru à l'innocence de Christian Iacono, un notable respecté, par ailleurs éminent médecin radiologue. Il a enquêté des années durant, compilant avec une minutie de bénédictin les multiples entretiens qu'il a eus avec les différents protagonistes et s'est ainsi forgé une conviction. « C' est une trop sale affaire. Je ne pouvais pas me taire » dit-il aujourd'hui alors que paraît son ouvrage, un pavé de plus de 400 pages permettant de suivre pas à pas l'évolution de l'enquête et le procès. Sur la couverture, la photo de Gabriel, la victime. Un très beau jeune homme au visage d'ange et au regard profond. Au terme du procès d'assises, Christian Iacono a été condamné à neuf ans de réclusion criminelle. Il a interjeté appel de cette décision. Un nouveau procès interviendra donc dans les mois à venir. Gérard Porcheron sera là. Il relatera dans un second ouvrage la tenue des audiences. Avec toujours le souci de ne rien éluder, de ne pas se laisser emporter par la passion mais aussi de ne pas balayer d'un revers de manche la parole d'un enfant, fut-ce après les vicissitudes de l'affaire d'Outreau. On ne sait quel sera le verdict des jurés. Mais, même si l'on ne s'intéresse que de très loin à ce dossier, on peut se plonger dans ce livre avec la certitude d'avoir bien des difficultés à le quitter. Gérard Porcheron prend en effet le lecteur dans ses filets. Car il a le ton vrai des gens authentiques et se raconte lui même, faisant état de ses doutes et de ses peurs. L'attitude de l'honnête homme au sens classique du terme.

NICOLE LAFFONT nlaffont@nicematin.fr

L'ouvrage est disponible à la Société vençoise de presse, dans toutes les librairies sur commande, sur le site des éditions Bénévent. « Affaire Iacono. Non papy je n'ai pas menti » par Gérard Porcheron. Ed. France Europe. 415 pages, 23 euros.

Comments

[Philippe Siogli]

On peut même ajouter, au regard des nouvelles péripéties judiciaires induites par la remarquablement surprenante, et opportune, rétractation de Gabriel, que ce premier pavé, et le second sorti
depuis, La douleur ne se rêve pas risquent d'être, dans les temps à venir, la seule référence fiable à cette lamentable affaire, quand les protagonistes auront réécrit une nouvelle histoire, avec
l'aide active de Gabriel.
Mais on ne sait jamais : peut-être qu'à la relecture de ces deux ouvrages, Gabriel se rétractera de ses rétractations, par la puissance d'évocation que l'auteur arrive à conférer par la justesse de
sa restitution, gageure difficile qu'il a cependant tenue. Restituer le fond de débats complexes demande un grand savoir-faire de journaliste, ainsi qu'une vraie sensibilité. Gérard Porcheron n'a
pas fait mystère de la conviction qu'il s'est forgée par l'évidence des conséquences traumatiques et la cohérence absolue avec le profil psychologique de Christian Iacono, confirmé en tous points
par toutes les expertises.
Pour être encore un peu plus laudatif, on a dans les ouvrages deux aveux de culpabilité prononcés de la bouche même de Iacono. Sans oublier son récent lapsus radiophonique sur la rétractation " il
a accepté de, enfin, il a eu envie de..."